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L’ART DES POSSIBLES

Par Marie Lannelongue

Difficile de capturer Laurence Phitoussi en quelques lignes, cette femme brune au yeux d’encre et à la voix profonde, qui dit aimer les «textes compacts, et les idées synthétiques». Difficile surtout de vouloir ranger dans une seule catégorie le parcours aux virages multiples de cette «pro de la com» -telle qu’elle apparait un peu hâtivement sur son CV- qui, en faisant la lumière sur les autres, a souvent choisi de rester dans l’ombre, parce qu’«en écoutant, on apprend bien davantage…»

Quand Laurence déroule le fil de son histoire, ou plutôt de ses histoires, se dessine une vie qui s’écrit avec un grand V et un S à la fin. Une vie où tout s’entremêle, sa famille, son métier, ses origines, sa religion, ses passions. 

A 18 ans, elle se rêve infirmière psychiatrique, «au chevet des patients», mais c’est à la tête d’une agence de relations publiques qu’on la retrouve quelques années plus tard, le budget d’un seul client pour tout viatique, «mon premier vrai parrain professionnel, se souvient-elle, devenu un ami de trente ans, qui m’a confié la com de Breitling, et le bureau qui allait avec». Première bifurcation, entre le rêve initial et la réalité : «J’aimais trop l’idée de la transversalité, je voulais rester libre, changer de sujet tout le temps». 

Chez Laurence Phitoussi Communication, elle devient Miss Phit, embrasse le monde de l’entrepreneuriat, travaille quinze heures par jour, développe Mode Pass, la première agence digitale, écrit un livre sur le phénomène des blogueuses, et s’engage en parallèle dans le monde associatif (Sida Info Service, Journée Nationale pour la Prévention du Suicide, entre autres). «J’ai adoré cette vie très remplie, fait de sublimes rencontres, touché à tous les sujets, de la haute horlogerie au whisky en passant par le parfum, la mode, l’université de Jérusalem, ou des événements comme les Femmes en Or ou le Rallye des Gazelles». Ses idées font mouche, son enthousiasme aussi, et ses clients deviennent le plus souvent des amis. 

Mais son rêve de jeune fille la taraude encore. En tenant ferme les rennes de sa petite entreprise, qui emploiera jusqu’à 12 personnes au temps forts, la voilà qui s’inscrit en psycho à Jussieu : « Un jour je serai psy, c’est ce que je me suis dit en reprenant des études à 40 ans, comme ça je pourrai travailler jusqu’à 70 ans !». 

C’est qu’une idée centrale la tient, inscrite en elle comme une carte mère : tout reste à vivre, rien n’est jamais figé, elle qui dit ne pas avoir la notion du temps, et qui aime tant les portes ouvertes et les nouveaux apprentissages. «Plus j’avance, plus je me sens nomade» souffle-t-elle. Jamais en retard d’un mouvement contemporain, en veille perpétuelle, elle marche en écoutant des podcasts, travaille chaque jour dans un grand espace de coworking entre une anthropologue de la consommation et un développeur canadien, poursuivant son chemin, tissant de nouveaux lien

’il est un mot qui reviendra sans cesse en parlant avec elle, c’est celui de transmission. Tout converge vers ces douze lettres-là. Transmettre, d’abord parce qu’elle est maman d’une petite fille de sept ans : «A sa naissance , j’ai décidé d’écrire un livre de cuisine. Je bossais comme une dingue, et je faisais appel à un traiteur chaque vendredi soir pour le dîner rituel du Shabbat… J’ai eu cette idée en forme de blague et La cuisine du Shabbat en 30 minutes est sorti, bientôt suivi par La cuisine Shabbat Light et La cuisine des fêtes juives. » La plateforme d’enseignement et d’échange Akadem lui confie une émission sur la transmission par la cuisine, avec l’idée qu’il n’y a rien de tel que la préparation d’un plat pour faire vivre un patrimoine de génération en génération. «Mon père, né à Constantine en Algérie, est rentré en France sans pouvoir nous transmettre la langue car nous parlions en français. J’ai réalisé que mon seul héritage, c’était dans mon assiette qu’il se trouvait…». 

Une nouvelle exploration qui ne fait que commencer car Laurence pense déjà à la suite : «J’aimerais développer des ateliers où la cuisine ferait office de thérapie. Une scène m’a beaucoup marquée dans le très beau film Les sept jours de Roni Elkabetz, ce moment où, réunies dans la cuisine, les femmes livrent tous leurs secrets en pétrissant du pain.» 

Un projet, un de plus, mais qui, à bien y regarder, les contient tous un peu. 

Ainsi va la vie de Laurence…


Photo Laurence phitoussi - Phitoussicom.com

Laurence Phitoussi Communication
laurence@phitoussicom.com

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